Le blog de panpan

            C'est lundi. Je suis assise à l'ordinateur et je porte la deuxième tenue qu'il m'avait fait faire. En fait, je ne l'ai pas faite avec rien, j'ai modifié pour elle un body de gym en Lycra. Noir, évidemment. Pourquoi donc les hommes aiment tant le noir ? Elle comporte une culotte à la française au derrière ultra-minuscule et qui pénètre profondément entre mes fesses. Il me l'a faite modifier de façon à ce qu'elle expose au maximum les rebords de mon sexe sur le devant. Je crois qu'il avait déjà l'idée en tête que je sois épilée du bas, à l'époque. Il va me falloir quelque temps pour m'y habituer, je crois.

            La chose est rendue un peu plus confortable en portant des collants par dessous. Bien sûr, il faut qu'ils soient gris-fumée et bien ajustés à la taille. Encore des ordres. Elle s'ouvre à l'entrejambe par des boutons-pressions, et je soupçonne que c'est pour y accéder plus facilement. J'ai dû rabaisser le col et agrandir les échancrures des manches de façon à ce que mes seins soient très exposés. Un centimètre à gauche ou à droite et un téton jaillirait... Les hommes vont droit à l'évidence, non ?

            J'étais en cette tenue ce vendredi soir quand il revint du travail, quoi que sans les collants, vu qu'ils avaient l'air bizarre, passés par dessus les bracelets de chevilles en cuir. J'aurais pu les couper, puisque j'ai maintenant tout loisir de circuler dans la maison et que j'avais accès aux ciseaux. Mais pourquoi s'embêter : je n'ai pas envie de fuir quoi que ce soit, de toute façon. Ça sonne louche, comme le vieux truc de ne pas réparer le toit quand il ne pleut pas...

            Pensée oisive : je pense qu'il aime mon maquillage tel quel, quoi qu'il en dise. (J'ai décrit cela dans le premier article, il y a un bon siècle de ça.) Il ne m'a pas demandé de le modifier, et quand il me fait la bise, il fait bien attention à ne pas l'abîmer. Ça viendra plus tard (l'abîmer, je veux dire).

            En parlant de ça, il part en voyage d'affaires à San Francisco dans quelques jours. Et il m'embarque avec lui ! Il me l'a dit samedi, quand il m'avait emmenée acheter de nouvelles fringues.

            Mais je ne vous ai pas encore parlé de la soirée de vendredi. Qui fut une chaude soirée, suffisamment pour laisser les fenêtres ouvertes ; mais nous étions offert le plaisir coupable d'un bon feu de bois. Des brises précoces de printemps et un feu en plein février... Je pourrais bien me mettre à aimer le Sud.

            Il y a quelques instants, alors que je tapais à la machine, ma mère m'a passé un coup de fil de l'Indiana ; elle voulait savoir si j'avais survécu à mon déménagement de Chicago. Son seul contact avec le Sud Profond fut le film Delivrance... elle était donc inquiète. Ce fut étrange de papoter au téléphone avec ma mère dans cette tenue. Si elle avait pu me voir, je ne sais pas laquelle des deux aurait été la plus embarrassée. Le thème musical de Delivrance aurait pu s'intituler Duel de Prudes s'il avait été tourné dans l'Indiana. Elle veux que je me marie. Je suppose que toutes les mères nous harcèlent là dessus. La mienne semble avoir des plans sur la façon dont ma vie entière se devrait d'être... et sur comment je me devrais d'être. Elle me projette sur ce modèle - comme elle le ferait d'un patron de robe, mais d'elle-même - et s'alarme, m'aiguillonne, me pousse me force si je n'épouse pas parfaitement le patron. Elle pratique la stratégie de l'usure. Nous sommes bien trop pudiques dans l'Indiana pour nous dévoiler et nous mettre à discuter de tout ça. Nous claquons les portes du four de la gazinière un peu plus bruyamment qu'il n'est strictement nécessaire. Ou bien je me mettrais à lire en tournant les pages un peu trop vite. Un habitant de New York pourrait se retrouver en pleine guerre dans l'Indiana et ne pas s'en rendre compte.

            Enfin bon, je m'apprêtais vous parler de vendredi. Ce ne fut pas aussi traumatisant que jeudi soir. Pas de bâillon, ni rien d'autre du genre. Nous fîmes l'amour sur le tapis de laine devant la cheminée. Non, pas une peau de bête, une espèce de machin grec tissé de laine blanche, d'une vingtaine (oui, 20) de centimètres d'épaisseur. On y est comme sur un nuage. Quand il est sale, lavez-le en machine et laissez-le rétrécir.

            Donc, nous avons fait l'amour sur le tapis, devant la cheminée. Je l'aperçois en ce moment même qui m'observe par dessus l'écran. Vous souvenez-vous que je n'avais pas encore vu J tout nu depuis six bons mois ? Il ne m'avait toujours pas laissé le regarder. Non pas qu'il ait eu honte de quoi que ce soit : il a un corps terrible. Un des plus beaux culs du monde. Non, il ne cache pas son corps : il veut prolonger ma gêne et mon inconfort par l'inégalité de la situation. Il n'y a rien de plus inégal que d'être nue alors que votre partenaire est tout habillé, et particulièrement de la façon dont je suis dénudée et exhibée Là En Bas.

             Premièrement, il me demanda d'aller chercher le bandeau dans ma salle de bains, ainsi que du talc non parfumé... Pourquoi donc les hommes n'aiment-ils pas les bonnes odeurs ? Puis, je dus me re-déshabiller pour lui. J'essayais d'être plus séduisante cette fois-ci. Je suis déterminée à apprendre à le faire comme une pro, mais en privé. Mais je pense qu'il préfère la gêne à l'action pépère. Il eut droit au deux : je fis gauchement et de mon mieux mon petit strip-tease. Je me sentis vraiment conne, feignant lamentablement de n'être pas furieusement rouge de honte. Peut-être ne trouverai-je jamais naturel d'être aussi nue alors qu'il est tellement vêtu, mais peut-être bien aussi que la vraie pro est celle qui sait préserver son statut d'amateur.

            Quand j'en eus fini, je me mis à genoux devant lui. Il me fit remettre le bandeau. Pas de discussion cette fois. J'étais une bonne fille. Sous sa direction, debout et les yeux bandés, je commençais à le déshabiller. J'étais excitée. C'était plutôt comme dans mes bons vieux fantasmes softs. Quand je l'eus mis à nu, je le pris dans ma bouche, toujours agenouillée. Aussi profondément que je pouvais le prendre sans m'étrangler. C'est une autre chose que j'aimerai pouvoir faire. Je crois. Si ce n'est pas mauvais pour moi. Je parie qu'il n'y en a pas des masses qui peuvent s'offrir le quotidien de Linda Lovelace. Malheureusement pour moi, je n'en suis pas. Le sexe oral est un truc que je m'efforce d'apprécier.

            Je m'efforçais donc, en m'étranglant un peu ; il s'en rendit compte et emmêla sa main dans mes cheveux derrière ma tête pour me tirer au loin de son érection. En maintenant ma tête en arrière, il se mit à genoux devant moi et se pencha pour embrasser ma gorge exposée. Je me mis à frissonner quand ses mains me parcoururent les flancs. Si un truc m'ennuie, il ne veut pas que je le fasse. Parfois.

            Doucement il m'allongea sur le dos et commença à me masser le corps à l'aide du talc. Des orteils jusqu'au cou il étendit et frotta, me relaxant et me malaxant. Je devins toute flasque, me muant en gelée sous ses doigts. Une gelée toute poudrée. Mes jambes, que j'avais jointes d'instinct - selon la manière agréée des gens du Middle West -, s'éloignèrent l'une de l'autre un tout petit peu. Il saupoudra du talc partout. Sur mes seins, entre mes cuisses, sur mon déjà satiné mont de Vénus dépoilé. Puis il me roula tel un sac de farine et attaqua le dos. Après l'avoir talqué et profondément pétri, ainsi que mes bras et jambes, il acheva par mon postérieur.

            Doucement, il me caressa la poudre suave dans la raie. De plus en plus profondément. Ses doigts me firent tout, hormis de me pénétrer . Mon corps était talqué jusqu'au cou. Je m'imaginais telle une statue de marbre aux yeux bandés. Ses mains s'attardèrent dans ma raie, m'apaisant, me sondant sans s'introduire. Je n'étais pas prête à cela, et je crois qu'il devait le savoir, car il ne tenta pas de me forcer. Au début j'étais anxieuse qu'il le fasse, et je m'étais involontairement contractée à son toucher, mais comme il persistait à me masser au talc, ma confiance s'accrut et je me détendis tout à fait. Je me concentrai afin de décontracter mon ouverture postérieure. C'est plutôt audacieux de la part de quelqu'un comme moi. Je ne suis même pas sûre qu'il soit légal de détendre ces muscles dans l'Indiana.

            Il continuait à me caresser et à m'attiser. À me préparer physiquement ; j'étais tout à fait prête. Mes fesses se soulevèrent, allant à la rencontre de ses mains, se serrant des joues pour les saisir et les attirer au dedans (encore plus audacieuse), mais il me demanda de me détendre. J'essayais. L'impatience et l'excitation nerveuse que je ressentais s'étaient teintées d'un peu plus que d'appréhension seule ; je n'avais jamais expérimenté ça auparavant. C'est l'une des choses qui me dégoûtent et me fascinent tout à la fois. Mais il jouait toujours, sans effectuer aucune tentative de me pénétrer. Mon cœur se mit à battre plus fort alors il continuait à me dire de me calmer. C'est une drôle de sensation ; se concentrer sur laisser son corps devenir bouillie alors que votre cœur ne cesse de battre à tout rompre. Finalement je m'apaisai. En tout cas je n'avais plus aucune force, juste un petit noyau expectatif tout au fond. J'étais du flan, de la gelée. De la gelée passive et fondue. Il aurait pu me faire n'importe quoi. J'en avais envie.

            « Mets-toi à genoux et appuie-toi sur tes mains, » dit-il. Je le fis. J'étais désorientée, en revenant à la réalité les yeux bandés après un tel état de relaxation physique, mais je me débrouillais pour me mettre à quatre pattes, et je restais là, penchée en avant. Ses mains continuaient à me travailler simultanément par dessus et en dessous. Je me mis à gémir et je tendis à nouveau mes fesses contre sa main, tentant d'agripper ses doigts afin de lui indiquer que j'étais prête. Et j'étais prête. Et même avide d'essayer ça. Ça. Qui allait bien plus loin que ce que j'aie jamais pu penser. Et je désirais aller encore plus loin !

            Mais ça ne devait pas se faire. Il voulait juste me démontrer combien je pouvais être convaincue d'aller plus loin. Je dégoulinais d'impatience. Au propre et au figuré.

            « Mets-toi à cheval sur moi, » dit-il. Il s'était allongé sur le dos, à côté de moi. Il m'aida, me souleva à demi et me guida sur lui. Je sentais son érection entre mes cuisses. J'étais de nouveau à quatre pattes, et il se guida en moi. J'étais prête maintenant. Je coulissai sur lui très doucement, prudemment (je suis étroite), l'acceptant progressivement en son entier au-dedans de mon corps tout vibrant maintenant. Il me tint immobile, m'empêchant de me frotter à lui. Mes muscles du ventre et du sexe se convulsaient spontanément, et il me fallut un bon moment avant que je ne récupère ma maîtrise. Au bout du compte, je réussis à m'asseoir avec lui en moi et sans devenir totalement folle, bien que mon souffle n'ait pas été tout à fait paisible. Et après ? me demandai-je.

            « Prends ça, » dit-il, « Fais-moi un massage. » Je tendis les mains en tâtonnant devant moi. Elles trouvèrent la boîte de talc. Quel moment pour un massage... Mon esprit était focalisé sur une seule chose, et il ne s'agissait pas de massage au talc. J'en saupoudrai sa poitrine et je commençai à le masser, l'étalant sur son torse et ses bras. Alors que je me balançais d'avant en arrière, frictionnant les muscles de sa poitrine, je sentis une chaude incandescence m'irradier du mitan.

            Je me saupoudrai aussi, massant mes propres seins, chose que je n'aurais jamais faite en n'ayant pas les yeux bandés. Aussi naturel que cela paraisse, on dirait que c'est narcissique et quasi-masturbatoire de se caresser, et spécialement quand on vous regarde. Je ne l'aurais pas fait la première nuit, mais cette fois le bâillon m'avait en quelque sorte délivrée de cette inhibition. Comme je ne pouvais pas observer sa réaction, je n'étais pas responsable de ma non-réaction ; je pouvais faire ce que je voulais.

            Je l'imaginais me regardant, et je fus excitée par cet exhibitionnisme. Je n'eus pas à deviner ce qu'il ressentait à propos ce que je faisais : je le sentais énorme en moi, et je rendis mon petit show plus provocant, jusqu'à me caresser tout le devant du corps, de l'entrejambe au bandeau, haletant de manière tragique.

            Alors que j'étais occupée à ma frime, mon premier orgasme me prit totalement au dépourvu. Reprenant brutalement mon souffle, je lâchai le talc, et m'assurant de mes mains sur ses épaules, je me convulsai sur ses hanches ; je me mis à me balancer sauvagement d'avant en arrière, tentant d'aboutir à mon deuxième orgasme. Mais, pour aussi génial que ce fut, un orgasme dans cette posture n'est cependant pas aussi satisfaisant que celui qu'on obtiendrait lors d'un vrai vis à vis. Il m'allongea sur sa poitrine et l'avant de nos deux corps fut soudain une longue surface satinée. Le talc donnait à nos deux corps le sentiment d'être tout de velours vivant et lentement battus comme des cartes à jouer, en glissant voluptueusement l'un contre l'autre. Je me sentais si lisse et si soyeuse ! De partout. C'était comme si la surface satinée de mon sexe dépilé se fut étendue à mon corps tout entier pour l'envelopper. Nous envelopper. Je l'embrassai en enclosant son corps dans le mien, et nous parvînmes lentement au tout premier orgasme simultané que nous ayons jamais eu.

            Ce n'est pas un sujet sur lequel je puisse écrire. J'ai effacé plusieurs essais ratés, et j'ai décidé une fois pour toutes que la description d'un orgasme était l'une des choses les plus dures à décrire. La simultanéité est la perfection, et je ne suis pas une écrivaine capable de perfection. Néanmoins, ne vous gênez pas d'applaudir si ça vous chante.

Mer 25 fév 2009 Aucun commentaire