Mercredi 25 février 3 25 /02 /Fév 09:39

Le jour suivant - dimanche - , nous sommes allés à la salle de gym. Il avait choisi mon vieux body de danse dans mes bagages, avec des shorts à porter par dessus pour cacher mes chaînes qui auraient fait des bosses, autrement. Il n'y a pas grand-chose à relater, et en plus je n'ai pas beaucoup de temps parce qu'il faut que je me prépare pour aller à San Francisco. J m'enverra faire des courses demain, et nous partirons le jour d'après. Aujourd'hui, je dois me réépiler.

            Donc, un petit mot sur le club de gym. Les bancs de musculation sont sur deux rangées parallèles. Nous les avons descendus côte à côte, chacun pompant sur ses haltères ; il m'épuisa totalement. Quand j'eus fini mon rang, j'étais en sueur, et il me fit monter sur le tapis roulant avec lui. Je pensais en avoir fini, mais nous fîmes une autre tournée d'haltères. Arrivée là, j'étais absolument trempée de sueur, les cheveux collés au crâne et mon justaucorps à la peau. Il avait fait exprès de m'exténuer.

            Il faut que je me fasse un programme régulier d'exercices.

            Nous sommes revenus à la maison et nous avons pris une douche ensemble, mais sans galipettes. J'avais enfilé un de ces T-shirts du genre marcel, qui était bien plus confortable que tout ce que j'avais d'autre. Il voulait parler, et il voulait que je sois détendue. Après manger, épuisée et avec deux verres de vin dans le sang, j'ai tendance à somnoler. Il m'assit dans le sofa (il faut que je m'asseye délicatement ces jours-ci, et que j'arrange ma chaîne pour l'empêcher de me comprimer le coccyx. C'est un problème, particulièrement sur les bancs de musculation. Le vélo d'appartement est hors de propos.

            « Je veux que tu comprennes quelque chose clairement, » dit-il. « je vais continuer comme j'ai commencé. À la fin du mois je te possèderai comme si tu étais un de mes biens propres. Tout ce que je fais tend vers ce but. Je ne vais pas te demander d'aimer ce que je fais, mais je te demande d'être honnête en t'ordonnant de me répondre : veux-tu être possédée de cette manière ? Tu ne me l'as pas encore dit. »

            Je ne savais pas quoi lui répondre. Sur un certain plan, toutes ces formalités sonnaient comme j'avais toujours imaginé qu'un film porno de série Z devait sonner. Il s'exprimait de nouveau comme s'il lisait un scénario. Mais la réalité était si... enfin, la réalité, c'était ce qui se passait dans ma tête et c'était pas de la série Z. Et même, JE dois avouer que les dernières répliques du dialogue sont dignes d'une série Z, mais c'est ce qu'il dit, en fait, plus ou moins, et c'est donc ce que j'ai écrit. Je me demande s'il avait répété avant.

            J'adoptai à mon tour une manière de conversation tout aussi formelle qu'artificielle. Je lui dis que j'aimais l'idée de lui appartenir, que je désirais cela, mais que les choses qu'il m'avait faites étaient de trop pour moi. Il me faudrait du temps pour m'y habituer. C'était trop neuf. Un auditeur anonyme aurait pensé que nous étions de bien piètres acteurs.

            « Tu comprends bien que ça ne changera rien à ce que je te ferais, » dit-il.

            « Et que vas-tu donc me faire ? » lui demandai-je, soudainement soupçonneuse. J'avais l'impression qu'il me préparait un coup fourré.

            « Tu le sais déjà : je vais te faire mienne. »

            « Je veux dire : quelles choses vas-tu me faire ? Précisément. »

            « Tu as la Liste. Et au delà de ça il te faudra vivre sans savoir. »

            -*-

     Cette première semaine fut très intense pour moi. Je crois que si j'avais dû affronter de nouvelles expériences sexuelles à ce rythme pendant plus longtemps, j'aurais été incapable de continuer. Mais ça s'est calmé la semaine d'après, et J n'introduisit plus rien de neuf dans ma vie, sinon des variations sur des thèmes déjà bien établis par lui.

            Une fois, il m'attacha, bâillonnée et immobilisée dans un fauteuil en bois, de manière à ce que je ne puisse plus rien bouger d'autre que ma tête ; il me tourmenta sans pitié avec des plumes et avec ses doigts jusqu'à ce que je sois à bout. À la fin, derrière le bâillon, il ne pouvait plus discerner si je pleurais ou si je riais. Je ne pouvais ni l'un ni l'autre.

            Et une autre fois il me suspendit par les chevilles, jambes écartées et les poignets attachés aux anneaux du plafond ; j'étais donc pliée en deux, les yeux rivés sur mon entrejambe (je suis plutôt souple, yoga et tout et tout). Mon derrière reposait juste assez sur le lit pour alléger la traction sur mes bras et je fus condamnée à regarder sans pouvoir l'empêcher de me mettre... des choses... dans moi. Je n'avais nul autre choix que de voir.

            Je commence à m'accommoder de cette attitude plus libre et cosmopolite envers le sexe. IL S'AGIT bel et bien de sexe, même quand il me regarde simplement marcher autour de la maison vêtue de mes chaînes et de rien d'autre. Je sais bien que ça n'en a pas l'air, mais les contraintes et les ordres m'allument illico.

            Une chose nouvelle survint, cependant. Il m'a dit avoir été totalement charmé par ma tentative inepte de strip-tease, et il me demanda si je voulais bien, pour lui plaire, en apprendre les mouvements. Je lui répondis que oui, et le lundi soir, il revint avec quatre cassettes vidéo : trois films X avec des strip-teaseuses professionnelles qui faisaient leur truc, et une cassette du genre cent trucs pour... avec des cours de danse du ventre. J'ai fait mes exercices. Pas le machin-chose à pompons tournoyants avec des titres du genre Pang-Pang et Les Seins Chéris (par Bang-Bang-Ladesh ou Lolo-Lita), mais des trucs plus chics. Je me sens débile quand je suis seule à la maison à me tortiller des fesses sur le divan en me déhanchant, en frétillant de la poitrine et en épluchant mes vêtements trop lentement, mais là, en ce moment précis, je me sentirais encore bien plus conne s'il me regardait. Bientôt peut-être, je serais capable de lui faire mon numéro. La danse du ventre est bien plus drôle et stimulante à apprendre. Et qui requiert bien plus de coordination qu'on ne le pense.

            Ce dimanche soir, donc, j'étais écartelée sur le lit, les yeux bandés et bâillonnée, - mais pas avec cet horrible bâillon en forme de boule, qu'il utilise exclusivement comme punition - , et il me tourmentait avec des glaçons à demi-fondus. Alors qu'il me rendait folle en ce faisant, il me susurra à l'oreille que le moment viendrait - avant d'arriver la fin de la Liste - où il me ferait vraiment esclave, et où je l'appellerai volontairement « maître. » Il savait que je n'étais pas encore prête, mais il me demanda de réfléchir, - comme pour un exercice, une fois par jour - aux circonstances qu'il faudrait pour y parvenir. Il savait d'instinct que j'allais associer ce mot avec le genre de scénarios sado-masos qui m'avaient déjà fait éclater de rire (à mon immédiat regret). Il savait que je n'étais pas assez profondément impliquée pour user d'un tel mot en le pensant vraiment, même dans le contexte limité de la Liste. Mais ce qu'il me dit fut bien enregistré. J'y repense encore. Je fantasme sur les circonstances dans lesquelles je pourrais prononcer ce mot, mais je ne suis toujours pas capable de le dire sans le penser un tantinet ridicule, comme pour des nazis poussiéreux des chaussettes.

            Je n'ai pas encore abordé un autre aspect des choses : les limitations fixées par la Liste. Bien entendu, il ne ferait rien qui ne soit pas sur la Liste, mais il y a une sacrée latitude sur LA Façon dont il fait ce qui EST marqué dessus. (Vous êtes témoins de la façon dont il m'a mis la chaîne : ce chalumeau était vraiment effrayant.) C'est dans cette zone d'ombre qu'il me faut lui faire confiance pour être assez sensible pour approcher - et même dépasser - mes limites verbalement admises sans toutefois dépasser mon seuil réel. Je commence à comprendre que cela implique d'avoir une sensibilité exacerbée. Et dire que je pensais alors que l'exigence première de la personne dominante dans ce type de relation soit qu'il/elle soit Insensible.

            L'autre limitation de la Liste porte sur le long terme. Nous avions convenu d'une stricte limitation à quatre semaines pour chacune des colonnes. On a l'air d'une paire d'avocats d'affaires, je sais, mais nous avions décidé que ça ne pouvait pas être plus court et rester encore significatif : je voulais me sentir plonger dans quelque chose de sérieux. D'une manière ou d'une autre, dans mes fantasmes à ce propos, il s'agissait d'une affaire sérieuse et pas d'un jeu. Et puis, une limite temporelle stricte me donne quelque chose à quoi me raccrocher comme « sortie » sans laisser la possibilité d'interrompre le processus de façon frivole. Il est rassurant de savoir qu'il n'y a rien sur la Liste qui puisse m'occasionner de dégâts psychologiques, mais je sais aussi que l'inconfort cumulé de ce bâillon (qui est de loin le pire) en rajoute dans la douleur présente, et je lui fais confiance pour qu'il n'exagère pas. À un point donné, il faut faire confiance, je crois.

            Nous partons pour San Francisco demain.

            -*-

            Voilà, nous sommes de retour de San Francisco et j'ai une histoire à vous narrer. C'est samedi matin et nous sommes rentrés tard hier soir.

            Il avait dû m'enlever la chaîne pour le voyage en avion et, quelques instants durant, ça m'a fait bizarre d'être sans elle. Pas nue, exactement, mais comme s'il manquait quelque chose. Il me fit porter ma robe en tricot moulante avec rien par dessous, et quand nous fûmes en l'air, il ouvrit son bagage à main pour en extraire un collier qu'il me demanda d'aller mettre sous le col roulé de ma robe, aux toilettes. Je n'aurais pas pu porter ma chaîne sous le portique-détecteur sans le déclencher, bien qu'il m'ait dit avoir songé à me le faire et à laisser la policière me fouiller, rien que pour voir pourquoi ça avait sonné. C'eut été franchir la ligne entre la gêne privée et l'humiliation publique, je crois. Et pourtant, que pouvaient-ils faire ? M'arrêter pour trafic de chaînes ?

            Quand nous fûmes rendus à notre chambre d'hôtel (c'était plutôt cool : elle était payée par quelqu'un d'autre), il me remit la chaîne en place, en bouclant ses trois extrémités avec le petit cadenas, cette fois-ci. J'aurais pu porter la chaîne dans l'avion, je crois, mais on aurait pu la voir au travers des mailles de la robe, même avec une ceinture pour la cacher. Vous pouvez me croire, cette robe épouse les formes partout et de très près.

            Le voyage en avion fut sans histoires. Après notre arrivée à l'aéroport, avons loué une voiture, puis il est parti à sa réunion. J'eus quelques heures de quasi-liberté pour faire un tour en ville et acheter à manger avant d'aller le récupérer. Je portais un jean et un pull, ma chaîne n'était donc pas visible. Ce soir-là, , avec à nouveau la robe, le collier et sans ma chaîne, nous sommes allés à Sausalito, où nous nous sommes fait une bonne petite bouffe dans un restau tranquille, situé pile au dessus de l'eau. Nous fîmes l'amour cette nuit-là et ce fut super, bien que seulement super. Je n'avais que le collier sur moi ; quoi qu'il en soit, une chambre d'hôtel, aussi luxueuse soit-elle, n'est tout simplement pas le bon cadre. Et le collier n'était pas suffisant à lui seul, non plus. Il semblait déplacé, un faible rappel, une connexion ténue avec quelque chose de plus fort, ailleurs... Mon instinct de nidification avait été perverti en un désir languissant pour la sécurité et l'intimité d'un donjon, je crois bien. Je voulais revenir chez moi. J'eus presque l'impression que cette grande caverne vide qu'était notre maison m'attendait.

            Ce fut plus tard, après nous être pris une douche et qu'il m'eût remis la chaîne, qu'il m'annonça la nouvelle. Le lendemain, j'allais avoir les tétons percés. Nous avions écrit ça sur la Liste, mais j'avais plutôt considéré cela comme une possibilité toute théorique, puisque j'ai les tétons à l'envers. Enfin pas tellement. Il avait causé avec une dame qui fait ce business et elle avait dit qu'il n'y avait rien qu'elle n'ait déjà vu, y compris mon problème. J'ai les oreilles percées, (trois trous à l'une, à l'autre deux) mais à l'idée d'avoir les tétons transpercés, j'avais envie de rentrer sous terre. J prenait bien soin de m'expliquer qu'il ne voulait pas que je fasse cela pour m'infliger de la souffrance, mais que plutôt, il me désirait percée comme un autre moyen de me lier à lui. Il me marquerait comme sienne, comme pour l'épilation de mes poils pubiens. Par ailleurs j'aurais droit à un anesthésique local si je le désirais.

            Qu'il me rappelle ça m'aida à me calmer un peu, mais j'étais encore bien nerveuse. J'avais entendu parler de ce genre de piercing, et j'admets avoir été plus que curieuse à ce propos. J'y avais pensé à plus d'une occasion, et, de fait, c'était moi qui l'avais suggéré sur la Liste, en partie pour observer sa réaction à une chose que j'avais pensée. Mais j'étais bien nerveuse tout de même. Pour moi, les deux tétons d'un seul coup, c'était le grand saut dans l'inconnu,.

            La vitrine de sa boutique dans le très célèbre (pour moi) quartier de la Mission exposait tout un tas de bijouterie, en partie faite maison, et la dame avait un petit cabinet dans l'arrière-salle, où elle officiait. Elle faisait très attention à l'hygiène, et je sus d'emblée qu'elle avait beaucoup d'expérience. Elle avait un anneau dans le nez, un autre fiché dans la lèvre inférieure, plusieurs dans chaque oreille et, disait-elle, dans nombre d'autres endroits. Vingt et quelques en tout. C'était pour le moins curieux, vous comprenez ?

            Il me fallut beaucoup de self-control pour que je puisse enfin regarder, mais je voulais être sûre de savoir ce qu'elle faisait et si elle savait le faire. Elle était très douce et rassurante, en plus d'être efficace. Évidemment, mes tétons pointent vers l'extérieur même quand ils ne sont pas excités, surtout si quelqu'un tire dessus, ce qui était le cas. Puisque même les tétons normaux doivent quoi qu'il en soit être maintenus pendant la procédure, ça n'avait pas vraiment d'importance que les miens soient inversés. Ils s'érigèrent et pointèrent à leur manière, il faut dire. Je crois bien qu'ils auraient voulu rentrer sous terre.

            Je lui ai demandé un anesthésique local, mais elle me répondit que ça me piquerait au moins autant que l'aiguille. Elle me dit que pour certains, l'acte de percer était en soi aussi important que les bijoux qu'ils porteraient ensuite. Certains clients laissaient délibérément leurs piercings se refermer afin de pouvoir être percés à nouveau. Elle me convainquit.

            Elle avait un instrument que je n'avais jamais vu auparavant, un genre de forceps avec des fentes dans les mâchoires. Elle me maintint par les épaules et l'aiguille creuse traversa d'un seul coup ma chair et la pince. Les anneaux suivirent le trajet de l'aiguille. Elle me laissa en compagnie de J, qui me tenait la main.

            Ce fut fini rapidement, sans presque aucun saignement. Quelques secondes pour chaque piercing. Ça piquait un peu, mais moins qu'une piqûre de Xylocaïne en sous-cutanée quand on enlève une verrue. En vérité, ça ne différait pas beaucoup d'avoir les oreilles percées. Ça n'avait rien de comparable avec le bâillon. Je n'avais pas de soutien-gorge, elle me posa donc des pansements. L'aspirine suffirait à éviter la douleur, me dit-elle, mais je n'en avais pas vraiment besoin. Je ne crois pas que j'aurais pu me faire ça moi-même. J'y avais songé, et je pense qu'en tant qu'infirmière diplômée j'aurais été compétente, mais rien ne remplace l'expérience.

            Nous avions du temps à perdre avant d'aller à l'aéroport, et J m'amena dans un magasin spécialisé dans les accessoires bizarres et autres trucs qu'il avait déjà utilisé. Il me fit essayer des chaussures et des bottes, puis il me demanda d'aller l'attendre dans la voiture. Il portait une paire de gros sacs quand il sortit. Je me demande ce que la policière en poste à l'écran à rayons X a bien pu penser en scannant leur contenu... Elle s'est probablement dit qu'il s'agissait tout bêtement de gens du Middle West de retour d'une virée à San Francisco.

            Nous avons roulé jusqu'à l'aéroport et nous avons attendu l'avion. Le vol de retour fut lui aussi sans histoires. Quand nous fûmes de retour à la maison, il était déjà bien tard, et nous sommes allés directement au lit. J'ai pris de l'aspirine pour m'aider à dormir, mais plus encore pour contrer l'effet du café que j'avais bu dans l'avion qu'à cause de mes tétons (l'aspirine me fait dormir).

            Ce matin je me suis examinée. Les sparadraps étaient du genre facile à retirer, Dieu merci. Je suis un peu boursouflée, et l'enflure me fait paraître un peu déformée. Peut-être devrais-je dire déformée dans un sens différent, puisque d'avoir les tétons à l'envers n'est pas tout à fait normal. Mais au moins, avant, mes tétons étaient identiques ; maintenant ils sont enflés de façon différente, c'est ainsi que l'un d'eux dépasse de l'aréole alors que l'autre est bien moins gonflé. Ça me rend nerveuse. Je ne veux pas rester comme ça en permanence. Je peux bien attendre que ça dégonfle, ceci dit. Je cicatrise rapidement, après on verra bien... Je suppose que je pourrais toujours les enlever, le cas échéant. Je me désinfectai à nouveau et je me pommadai à la Néosporine, puis je remis des sparadraps neufs. Les anneaux sont petits et en or. Elle m'a dit qu'il étaient tout fins, mais je ne me souviens plus de leur diamètre. Elle m'a dit aussi que je pourrais facilement élargir les trous plus tard. Je ne crois pas que j'en aie l'envie. Enfin, peut-être. On verra.

            J est très attentif et compatissant, ce qui me fait penser qu'il aime réellement mes tétons. Je sais que ça doit vous paraître bizarre, puisqu'il vient juste de les modifier, mais il avait toujours désiré me les décorer, attirer l'attention sur eux, et ne pas les cacher. C'est une sensation très personnelle, parce que je ne suis pas encore publiquement fière d'eux, mais si ça marchait, je crois bien que je serais fière de me montrer ainsi à J. Entre temps je pratique ma danse orientale. J'espère que les boursouflures disparaîtront bientôt.

            -*-

            Dimanche: J vient tout juste de me lâcher quelques nouvelles supplémentaires. Il dit qu'il va envoyer tous mes écrits à un tableau d'affichage public par ordinateur ou quelque chose dans ce goût-là. J'ignore encore comment ça marche, mais il dit que ses collègues dans le service sont accros à ça et qu'ils le lisent tous. Je remercie Dieu de m'avoir fait penser à supprimer tout ce qui aurait pu nous identifier dans cette histoire. Il a vraiment intérêt à ne pas déconner quand il dit qu'on peut tout envoyer sans que nul ne puisse savoir d'où ça vient ! Je vais devoir réviser tout le texte pour être sûre que je n'ai pas laissé traîner le moindre indice. Les fous d'ordinateurs sont plutôt malins, en général. Peut-être devrais-je dire « vous, les mecs, (et les nénettes aussi ?) vous êtes... » puisque je connais mon auditoire, maintenant. Je sais que vous n'êtes pas TOUS des crétins cramés de l'écran. Je me souviens de quelques types très chouettes qui zonaient dans la salle des ordinateurs quand j'étais étudiante. Je vis avec l'un d'entre eux, songez-y. Et il est redoutablement malin.

            Et peut-être bien que je vais en profiter pour peaufiner mon style tant que j'y suis. Il m'a suggéré de standardiser mes têtes de chapitres, de façon à ce que vous sachiez d'où ça provient. J'ai aussi dû mettre une majuscule au mot 'Liste'. Je sens déjà mon pouvoir s'accroître. Mais, les gars, sachez que je n'inventerai rien. Promis. Et puis, il ne me le laisserait pas faire. Bien, bien. Un auditoire anonyme. Prenez-y bien du plaisir, tout le monde.



Lundi, de nouveau. L'enflure de mes tétons a finalement disparu. Il y eut bien une petite infection, mais la pommade à la Néosporine en vint à bout. Je suis de nouveau symétrique, mais je vais continuer à les traiter jusqu'à ce que je ne ressente plus aucune sensibilité inhabituelle en remuant les anneaux. Ce n'est probablement pas nécessaire, mais je les recouvre encore d'un sparadrap. J parvient même à transformer un simple pansement en objet sexuel. Les petits ronds ressemblant tant à des mamelons étant trop petits, il m'en fit confectionner de plus grands, circulaires, à partir de sparadrap chirurgical de couleur chair et indolore, avec un petit tampon de gaze stérile calé au milieu. Ils recouvraient entièrement mes mamelons et, de loin, on aurait dit que je n'avais pas de tétons du tout. Comme un mannequin dans un grand magasin. Un concept intéressant. Ils ne me gênent plus du tout, ceci dit.

            En relisant ce récit, on dirait que la seule chose que nous fassions soit l'amour. Ce n'est pas vrai. Le sexe est peut-être le seul sujet sur lequel j'écrive, mais nous faisons plein d'autres trucs ensemble, et j'ai beaucoup à faire chaque jour quand il est au travail. Nettoyer cette abominable grange qu'est la maison, déjà. Et puis j'ai fait des rideaux pour ma chambre, désherbé les allées, des trucs normaux dans ce genre-là. Tout ça semble bien domestique, je sais, mais j'ai l'habitude d'avoir de longues journées de travail bien remplies. Je n'ai pas encore pris le pli de ne plus manger au-dessus d'un évier ou dans ma voiture. Je tourne en rond et il faut que je fasse quelque chose, donc j'ai des rideaux, OK ?

            Je fais des exercices quasi-quotidiennement sur son banc de musculation dans le garage : il y a installé une glace immense pour moi ; ce coin du garage ressemble beaucoup à une mini-salle de gym moquettée. Et, bien entendu, je lis et j'écris. Et je découvre les groupes de discussion sur Internet. Ça me plaît d'avoir un canal ouvert sur le monde extérieur.

            Or donc, après avoir travaillé à l'hôpital Ste Frénétique et longtemps vécu dans une grande ville, un emploi du temps paisible et douillet m'est bienvenu, et le sexe est fort puissant. Écrasant, mais dans le bon sens du terme. Quoique bon ne soit pas le terme approprié. Je ne me ressens plus comme une brave fillette (c'est une perte minime). Fantastique est peut-être le mot juste, parce que je vis un fantasme. Je pourrais presque être attirée par la vie de captive à plein temps. Ou presque.

            Mais notre relation maître/esclave EST à plein temps, pour l'heure. Elle n'a aucun répit, et c'est parfois exaspérant, même si j'avais demandé à ce qu'elle soit ainsi. Il n'en rajoute pas en me demandant de gratter les planchers à la paille de fer ou de faire des tâches dégradantes. Ce que j'essaye de dire, c'est qu'il ne m'utilise pas pour des besognes d'esclave pour se débarrasser de ce qu'il n'a pas envie de faire. Mais je cuisine la plupart des repas et je fais la vaisselle. Il dit qu'il s'agit un rappel permanent de mon statut (temporaire.) Son tour viendra, dit-il. Quand nous avions tous les deux un emploi du temps bien chargé, à Chicago, nous partagions les tâches ménagères à 50/50, donc ça ne me dérange pas.

            Nous fîmes l'amour prudemment après mon piercing : soit j'étais sur lui en faisant très attention, soit c'était par l'arrière. Ça n'était pas vraiment nécessaire, mais J pensait que si, donc nous le fîmes. Être pénétrée par derrière est une position que nous n'avions presque jamais pratiquée, puisque je la trouve relativement insatisfaisante, mais J avait réglé ce problème. D'abord, nous l'avons essayée avec moi à quatre pattes. Il avait poussé les préliminaires à leur extrême habituel, me triturant jusqu'à ce que je ne sois plus rien d'autre qu'une pelote de terminaisons nerveuses nymphomaniaques gazouillantes et décongelées. Je me sentais comme une chienne en chaleur ; sur mes pattes et avec le collier, j'en avais tout l'air. Quand il me pénétrait, néanmoins, ce n'était toujours pas satisfaisant. Je n'arrivais tout simplement pas à jouir. Ça m'aide beaucoup pour avoir un orgasme, d'allonger les jambes et de relâcher les muscles des cuisses, or on ne peut pas le faire en étant à quatre pattes. Et puis, mon clitoris n'est pas tellement stimulé dans cette position.

            Alors il testa une variante : tous deux allongés sur le côté gauche, en quelque sorte soutenus par les oreillers, en me pénétrant toujours par l'arrière. Je pouvais lever ma jambe droite et m'ouvrir par devant, de telle manière qu'il pouvait me caresser en entier (et même mes seins, très prudemment) et - très important - je le pouvais moi aussi. En fait, il me DEMANDA de me caresser pendant que nous faisions l'amour ainsi. On ne peut pas le faire dans la position du missionnaire, c'était donc nouveau pour moi. Il prit ma main dans la sienne et la guida jusqu'à mon clitoris tout en continuant à pousser par derrière.

            Comme je l'ai déjà dit, j'ai des réticences à me masturber devant quelqu'un d'autre, et même devant J. Je me défiai là aussi, et je retirai ma main, mais il me susurra par dessus l'épaule, « je ne peux pas t'obliger à aimer ça, mais il y a d'autres choses que je peux t'obliger à faire. » Il guida ma main vers l'arrière. « Si tu ne... » Une menace légèrement voilée, il n'en fallut pas plus. Son contrôle, mon corps. La menace implicite du bâillon suffit, et je suis sûre que son imagination n'est pas limitée par cette sorte de gêne passagère.

            Donc, je le fis. Il continuait à me caresser des deux côtés, et en plus je pouvais contrôler mon propre plaisir ; c'était presque comme si j'avais entièrement contrôlé sa façon de me faire l'amour. Je m'amenai tout près de l'orgasme et je me maintins là, alors qu'entre-temps il continuait à se plonger en moi et à me caresser par devant. C'était comme si j'avais eu quatre mains pour me caresser. Là, je me suis rendue folle, en me taquinant jusqu'à hésiter au tout dernier moment. Mes tétons se durcirent sous leurs pansements. Ils me faisaient déjà délicieusement mal à force d'excitation, mais la douleur se fit plus intense encore - presque une piqûre - , alors qu'ils s'affermissaient. Ce qui m'excita encore plus. Il faudra qu'on réessaye cette position quand ils seront cicatrisés.

            -*-

            Hier, il m'a demandé de m'épiler les sourcils à la pince, afin qu'ils soient aussi fins qu'un trait de crayon. J'avais fait ça depuis la seconde jusqu'à la terminale, mais les modes passent et je les avais laissé repousser en entier... jusqu'à hier. Mais je les ai toujours préférés fins. Tout se doit d'être accepté, ces jours-ci, aussi ça ne me dérange pas. Je trouve que j'ai l'air mieux comme ça. Je laisse les gros sourcils à Brooke Shields. On dit qu'elle est très populaire en Russie. Elle leur rappelle sûrement Brejnev.

            Il faut encore que je m'épile, aujourd'hui. Ça va faire la troisième ou la quatrième fois. Vous penserez que je ne fais que me plonger en moi, mais j'ai toujours aimé me travailler , que ce soit à l'aide du maquillage, de l'épilation des sourcils, du rasage des jambes, de la coiffure, des exercices physiques ou de n'importe quoi d'autre. Vous pourriez penser qu'au bout d'un certain temps j'aurais pu en avoir ma claque de toute cette maintenance, mais j'en retire une sorte de plaisir sensuel, et ce jusqu'à maintenant.

            Je ne crois pas être narcissique, parce que je prends plus plaisir à l'acte physique en soi qu'à son résultat. On pourrait dire que je veux me justifier, je sais, mais l'élaboration me semble plus importante que le produit fini. Un peu comme pour un artisan qui aime son boulot. J'y passe beaucoup de temps, et j'expérimente toutes les variantes possibles dès que j'en ai l'occasion. J'ai tendance à me donner un air un peu trop artificiel - quoi qu'un peu d'artificialité puisse être attirante, il me semble. Inutile de le dire, je possède une grosse tonne de produits de maquillage expérimentaux et très entamés.

            Parfois, quand les gardes de nuit à l'hôpital étaient calmes (chose rare, croyez-moi), je me suis même enlevé quelques uns de mes grains de beauté : j'anesthésiais la zone avec un tampon de Benzocaïne, puis je m'injectais de la Xylocaïne en sous-cutanée et ensuite je cramais ces petits enfoirés. Aussi nickel que chez n'importe quel dermatologue. C'est une des raisons qui font que j'ai une peau si parfaite. Je les ai presque tous eus.

            Je suppose que la question se résume au fait que j'aime à me travailler, et que je ne ressens pas l'ornementation de mes seins ni mes épilations diverses comme un fardeau, mais plutôt comme un autre aspect de mon embellissement et de mon entretien personnels, un peu comme lorsque je me fais les ongles ; tant que je ne retournerai pas travailler, j'aurais plein de temps à consacrer à ce genre d'activités, alors, pourquoi ne pas en profiter ? En plus, ça me fait des choses de savoir que je m'apprête au sexe.

            Il n'y a pas que de me parfaire et me polir qui me fascinent, soit dit entre nous. J'aime avoir la possibilité de modifier mon aspect. J'ai tout essayé en matière de changement : mes cheveux, mon maquillage, mon style de vêtements, tout. C'est presque compulsif chez moi : il faut que j'essaye quelque chose d'autre. Ça m'excite d'être un peu différente de moi-même, je crois. Il vaut mieux que les kits de « chirurgie esthétique à domicile » n'existent pas : sinon j'en aurais acheté un. Pour de bon. Je n'offre pas une image très saine de moi, quand je me relis.

            Quand j'en eus fini avec mes exercices, je vis que le facteur m'avait laissé un reçu pour que j'aille récupérer ma machine à coudre à la poste du coin. Je l'avais faite envoyer de Chicago avant de descendre. J'irai la chercher demain. J'aurai mieux fait de passer par Chronopost.

            J'aurais pu fignoler les rideaux si elle était arrivée plus tôt, mais ça me démangeait.

            -*-

            Mardi. J est parti sur un nouveau genre de projet. Vous allez penser que c'est zarbi. Moi-même je le pense. Au début, je ne savais pas où il voulait en venir : hier soir il m'avait attachée à nouveau sur la table en chêne, pareil qu'avant, mais avec les jambes allongées sur le plateau, chevilles liées aux bords, avec une bâche en plastique étalée par dessous moi. Il m'avait scotché du film étirable sur le sexe, puis il m'avait enduite de vaseline depuis sous la poitrine et jusque sur les hanches. En soi, ce fut assez excitant, mais ça m'avait surtout déroutée. Puis, debout à côté de moi qui tendait le cou, il gâcha du plâtre à mouler dans un grand seau posé à terre, contre la table. J'ai pensé qu'il voulait faire un moulage de moi. J'avais à demi-raison. Mon ligotage n'avais été qu'une façon de me faire conserver toute mon attention.

            Quand il eut étalé le plâtre sur mon torse lubrifié, je perçus une espèce de sensation assez plaisante, fraîche et glissante au premier abord, et qui se réchauffa ensuite lorsque le plâtre se mit à prendre. Il y avait incorporé des bandes de tissu, pour le renforcer et en relier les différentes parties du plâtre quand il les rassemblerait. Lorsqu'il il le retira, il obtint une copie fidèle de la partie inférieure de mon corps. Ensuite il me libéra et me dit d'aller me laver. J'étais congédiée.

            Il découpa et lima les bords du moulage pendant que je préparais le repas, et après manger il me demanda d'aller enfiler mon bonnet de bain et de venir le rejoindre au garage. Pendant que je le regardais, il recouvrit les bords du moulage de cire et il me demanda de me lever. Il m'ajusta le moulage bien en place. Naturellement, il m'allait parfaitement. Il l'attacha avec des courroies de toutes sortes, et me demanda de bien le retenir de mes mains.

            Il m'enduisit les seins, le cou et les épaules de vaseline par dessus les pansements et tout le reste, et re-gâcha du plâtre. Il m'expliqua qu'il voulait que mes seins tombent naturellement pour cette partie du moulage, et qu'en conséquence il fallait que je reste debout. Le bonnet de bain était là pour retenir mes cheveux et les empêcher de tremper dans le plâtre. Il agrandit le moule déjà achevé de la partie inférieure de mon corps à partir du bord supérieur jusqu'à ce qu'il obtienne un moulage de moi depuis le haut des cuisses et jusqu'au menton. Je n'arrêtai pas de lui demander pourquoi il faisait ça, mais il me répondit simplement que je n'avais qu'à bien me creuser les méninges. Finalement, il me dit que si je n'arrêtais pas de poser des questions, il me bâillonnerait. Le moulage était déjà bien lourd, et il n'était qu'à moitié achevé.

            Il découpa et lima jusqu'à ce qu'il obtienne une empreinte complète de la moitié antérieure de mon torse, et il me le remit en place. Il fallait bien se tortiller un peu pour entrer dedans, mais c'était impeccablement ajusté. Puis, retour sur la table en chêne, où il posa le moulage avec l'intérieur tourné vers le haut ; il me fit m'y mettre sur le ventre et m'installer dedans. Il me cala des oreillers sous le front et les jambes pour les soutenir, puis il me plâtra le dos en entier, de la nuque aux cuisses. Après avoir eu pris, les deux moitiés du plâtre se séparèrent impeccablement aux endroits qu'il avait enduits de cire. Le produit fini consistait en un immense et fort encombrant moulage de mon torse. Je ne comprends par pourquoi il a fait ça. Il ne m'a toujours rien expliqué. J'ignore même pourquoi il m'a demandé d'écrire là-dessus avec un tel luxe de détails. Ça n'a pas été une expérience vraiment érotique. Je lui ai dit que ç'aurait été bien plus facile avec les bandes pré-plâtrées qu'on utilise dans les hôpitaux pour les fractures. Il s'en en trouve dans toutes les bonnes pharmacies.

            -*-

            Mercredi. Ma machine à coudre est arrivée. J'ai été la chercher aujourd'hui. Il m'a remis la chaîne hier soir après son retour du travail. Ça ne me dérange pas, sauf qu'en semaine, quand je ne fais pas de gym ou que je ne suis pas en ville à faire des courses, j'aime bien me mettre un des vêtements que j'ai à ma disposition (à savoir, en tout et pour tout : la robe en tricot, la culotte noire, ma tenue de gym et la tenue en coton transparent) et voilà maintenant que la robe en tricot est devenue immettable avec la chaîne en dessous. En plus, elle est trop chic pour faire du bricolage. Je peux glisser la culotte sous la ceinture et la porter par dessous si je veux, parce qu'elle se boutonne à l'entrejambe, mais ça n'est pas très confortable ; la robe et les pantalons présentent quelques problèmes de topologie si je tente de les porter sous la chaîne. Cette fois-ci, il ne m'a pas attachée pour me ressouder la chaîne.

            Je savais ce qui allait se passer, donc je ne me suis pas faite de mouron. Assurément, je n'ai pas lutté contre. En fait, je lui ai même tenu le chalumeau, comme une instrumentiste en chirurgie. Si seulement il avait laissé la chaîne de l'entrejambe ouverte, j'aurais pu mettre le pantalon de la tenue blanche par dessous. La chaîne de ceinture serait ressoudée. Bon, d'accord.

            Maintenant que la machine à coudre est là, je pourrais peut-être me faire quelques petites fringues. Là, j'en suis à devoir porter en permanence mon collant de gym sous des shorts et un T-shirt, et à prétendre sortir de la salle de gym. J'ai du tissu et des patrons. Je commence cet après-midi.

            -*-

            Dès qu'il découvrit cela, J 'me défendit' de confectionner des vêtements sans son consentement. ( ! ) Bien entendu, il préfère que je doive porter des vêtements sexys (je n'ai que ça, sauf pour la tenue de gym). J'ai une mini-robe noire très sexy dans mes bagages et que je pourrais mettre s'il voulait bien consentir à me détacher la chaîne du bas (oui, c'est une allusion).

            Je vais avoir mes règles dans pas longtemps. Il va bien falloir qu'il me l'ouvre pour ça. Je ne suis pas sûre qu'il le fasse si je le lui demandais. Après tout, ça serait par commodité plutôt que par nécessité. Je peux assumer toutes mes fonctions corporelles simplement en tirant la chaîne de ceinture vers le bas et l'autre sur le côté. Écoutez-moi bien. Les gens du Middle West ne parlent pas des fonctions corporelles ; je ne crois même pas que ma mère AIT la moindre fonction corporelle, et me voici débattant d'hygiène féminine sur un écran d'ordinateur public (pubique ?) Ou tout ce qu'on voudra. Faut que je me mette à l'ordinateur. À l'hôpital j'avais connement pris un livre de cuisine pour apprendre l'informatique sur l'ordinateur de la salle de garde. Mais j'apprendrai. Plusieurs fois déjà, j'ai voulu poster quelque chose sur ASB et je n'ai pas trop bien su comment m'y prendre.

            Ceci dit, mes règles pourraient poser problème avec la chaîne. J'ai une idée qui pourrait marcher. Je l'avais mise de côté pour le jour où j'aurais vraiment besoin de lui demander quelque chose. Je vous dirais si ça marche.

            -*-

            Jeudi. Bon, ça a marché, enfin à peu près. Je ne suis pas sûre si c'était une idée géniale, mais je vais la coucher par écrit, quoi qu'il en soit. Je n'ai jamais été terrible à la pratique du sexe oral. Déjà, je suis réticente (à cause d'une fusion résiduelle de moralité et d'hygiène typiquement issue du Middle West), et je n'ai jamais réussi à le lui rendre très satisfaisant. En plus je m'étrangle dès que j'en ai la moitié en bouche. Hier soir, donc, j'avais revêtu la culotte noire (par dessous la chaîne), avec une paire de talons-aiguilles noir et stricts. Je me fis aussi stéréotypiquement sexy que je le pus. Je ne pouvais pas enfiler de collants à cause de la chaîne et des bracelets à mes chevilles, alors je me suis enduite de fond de teint sur les jambes et derrière, jusqu'au ras de la culotte et j'ai poudré à mort par dessus afin que ma peau devienne absolument lisse et douce. J'ai cuisiné un super poulet en sauce avec un dessert et des fruits ; je lui ai fait le service. J'avais même mangé seule avant lui pour être disponible au doigt et à l'œil pendant le repas, en lui versant le vin, en amenant les plats les uns à la suite des autres, tout ce que j'avais pu faire de mieux, des bougies à l'encens en passant par des petites touches délicates comme de me frotter les seins contre lui en le servant à table.

            Après quoi, la vaisselle terminée, avec lui dans le sofa auprès du feu de bois et moi à ses pieds, je pris le ton de voix artificiel bien répété qui marque toutes nos conversations maître/esclave. Comme dans un jeu de rôles.

            « J, j'ai une faveur à te demander. Mais avant, je veux faire une que je n'ai jamais réussi à te faire auparavant. Il ne s'agit pas de l'un des articles de la Liste ; enfin si, mais j'ai envie aller au delà de la Liste pour toi.

            « Tu sais que je ne peux pas m'empêcher de m'étrangler quand j'essaie de te prendre tout entier dans ma bouche, » poursuivis-je (trop embarrassée pour le regarder en face), « mais je crois que je pourrais en être capable avec de la patience et ton aide. » En fait, je n'avais guère besoin de d'aide pour faire ça, mais sa patience m'était essentielle.

            Sans lui dire quelle était mon intention, j'ai commencé à le dévêtir. Quand il fut nu, je lui dis qu'il fallait que j'aille dans ma salle de bains pour me préparer. J'avais rempli un vieux diffuseur de parfum avec un anesthésique local dosé à vingt pour cent de benzocaïne (ce qui est beaucoup). Je m'observai dans la glace, je me détendis quelques secondes, puis j'y allais.

            J'avais fait un essai hier, je savais donc que ça allait marcher. J'ignorais quand même si ça fonctionnerait suffisamment. J'aspergeai le fond de ma gorge, pendant qu'avec la bouche grande ouverte et la langue abaissée, je prononçai la voyelle magique « ii ». Bien entendu, avec la langue abaissée, ça ne fait pas un vrai « ii », mais les cordes vocales se trouvent idéalement exposées au spray, et si vous prenez soin de bien inspirer avant, que vous n'inhalez pas les vapeurs et n'avalez rien tandis que vos glandes salivaires ont passé la surmultipliée, alors l'anesthésique recouvrira le larynx suffisamment longtemps pour l'engourdir. Vous venez de prendre votre première leçon de médecine interne et d'ORL.

            Après plusieurs applications, en recrachant le résidu plutôt que de l'avaler, le fond de ma gorge acquit cette sensation d'épaisseur qui accompagne d'ordinaire l'insensibilité. La bouche commençait à me picoter. Dès lors, je pus me badigeonner directement la gorge avec un coton imbibé sans déclencher de haut-le-cœur. Puis je me suis rincé la bouche afin de lui conserver toute sa sensibilité (certes, le contraire eût desservi le but).

            Après mûre réflexion, je m'emparai du petit miroir. Je voulais de quoi j'avais l'air en faisant ça pour lui. Comprenez-moi: c'était très osé de ma part de ce faire. Il est la seule personne avec qui j'ai pratiqué le sexe oral (personne, pas même J, ne me l'avait jamais fait. Au cas où je ne vous l'aurais pas encore signalé, il est lui aussi du Middle West.) et je ne le lui avais fait que peu de fois, et pas bien du tout. Mon cœur n'y était pas. Je n'avais pas réussi à dépasser le fait que c'était sale, et je n'ai jamais réussi à lui procurer un orgasme de cette manière. Mais j'y travaille dur.

            Quand je revins au salon pour lui dire que j'étais prête, ma voix sonnait comme celle d'une autre - ou peut-être était-ce à cause de mon excitation qu'elle me semblait différente - légèrement grave et enrouée. Non... elle était nettement différente.

            Un simple attouchement de ma main et il fut prêt. Il ne savait pas du tout à quoi s'attendre, mais il se doutait d'un truc pas banal. Il se cala en arrière sur le sofa et je me mis à genoux entre ses jambes sur le tapis. Je le pris en bouche et je me mis à lui sucer le gland en tournant ma tête tout autour et en pressant ma langue presque engourdie par en dessous. À chaque battement de son cœur, je le sentais pulser s'enfler à n'en plus finir dans ma bouche.

            Je coulissai plus en avant, histoire d'essayer. Quand il atteignit le fond de ma bouche, je ne m'étranglai point. Je le fis presque, mais ce fut si facilement maîtrisé que j'oubliai tout en quelques petites secondes à peine. Jusque là tout se passait bien. Je ne le ressortis que pour l'entrer plus profondément encore. Il m'appuyait fermement sur le fond de la gorge mais je me contrôlais encore ; je continuai donc ainsi pendant un moment en essayant de détendre ma gorge au maximum pour en éprouver la sensation. Il était plus gros que je l'avais souhaité, mais pas suffisamment pour que je puisse l'enfoncer plus avant encore.

            Puis il parvint au fond de ma gorge, et ma respiration s'arrêta d'un coup. Je me retirai en m'étranglant légèrement, quoique par pure vanité. Il faudra que j'apprenne à coordonner ma respiration. Je repris mon souffle en plusieurs longues goulées, puis je refis une tentative. Je l'attirai plusieurs fois tout au fond de ma gorge, en essayant de la contracter autour. Il émit un petit soupir. C'était un bon signe, mais j'étais trop concentrée sur mes problèmes. Je le poussai un peu plus encore, j'avais envie d'aller encore plus au fond. Je me rendais compte qu'il désirait pousser, mais aussi qu'il se contrôlait parfaitement. Je continuai pendant quelque temps, pour m'accoutumer à la sensation. J'allais bien trop lentement pour qu'il parvienne à jouir, mais... petit à petit, etc.... J'ai même essayé de déglutir et de m'entraîner à avaler, quoi que je n'y parvins pas tout à fait. Je l'avais fait entrer tout entier ! J'exultai en secret.

            J'avais appuyé le miroir contre l'accoudoir du sofa, de façon à pouvoir l'attraper et me voir pendant que je l'avais en moi. Je devais maintenir ma bouche grande ouverte et il fallait que j'use de mes lèvres pour empêcher mes dents de l'érafler, ce qui me donnait une drôle d'allure, mais je n'étais pas aussi laide qu'avec ce bâillon (je ne crois pas J quand il affirme que j'ai l'air splendide avec le bâillon). Il faut dire que lorsque je l'ai tout en bouche, ma gorge est déformée : tendue et gonflée comme celle d'une grenouille en train de coasser. Ça faisait bizarre, comme si j'avais été victime d'une déficience en iode ou équivalent. On voit qu'il est là, même de l'extérieur. Sans parler de l'intérieur.

            Je prolongeai l'expérience jusqu'à ce que les effets de l'anesthésique commencent à s'estomper. Ça ne dure pas longtemps. Mais même après, je pus encore le maintenir à fond dedans. Alors je continuai. C'est juste un tour de main à prendre. Mon haut-le-coeur avait l'air suffisamment sous contrôle pour que je puisse aller de l'avant, mais finalement ma gorge se sentit toute bizarre et je finis par m'arrêter avant de l'avoir fait jouir.

            J était plutôt allumé, je dois dire. Au fond, je l'avais mené dans un drôle d'état, tout en ne lui offrant aucune délivrance. Je vis qu'il en souffrait presque. J'en ressentis secrètement de la puissance. Et de la fierté. J'étais ravie de moi. Il était ravi de moi, lui aussi : il reconnut que ce que je venais de faire était une sorte d'accomplissement pour moi, et les ébats amoureux qui s'ensuivirent me furent très spécialement tendres. Il semble connaître tous les bons trucs à faire au bon moment, quand il faut changer de tempo, de position, tout.

            Quand je me suis levée ce matin, j'étais encore un peu enrouée, et j'ai bien peur d'avoir un peu trop forcé le jeu rien que pour m'attirer une compassion à laquelle je n'avais pas vraiment droit. Je crois que je pourrais retenter le coup, et peut-être même sans anesthésique. J'avais découvert que l'effet le plus bénéfique consistait à lui caresser le gland de mes lèvres, et de l'engloutir à l'occasion seulement. J dit que la bouche n'est pas faite pour se substituer au vagin, mais qu'elle n'est toutefois pas dénuée d'intérêt. Le sexe oral est merveilleux, affirme-t-il, quoique pas aussi satisfaisant que l'amour normal, face à face. Quelle que soit la façon dont on appelle ça. Je n'ai pas fait l'amour normalement depuis notre réunion, bien que nombre de fois se firent de manière frontale.

            En tout cas, il me défit la chaîne. Maintenant, elle n'est plus qu'une ceinture avec un bout qui pend, et que je porte sur le côté. C'est assez joli. J'aime l'or. Le maillon soudé a l'air un peu brûlé. J'aimerai qu'il puisse être redoré. Il me dit que je n'aurais pas eu besoin de lui faire le coup de la gorge profonde pour le persuader. Il me l'aurait ouverte pour mes règles si je lui avais demandé.

            -*-

            Vendredi. Mes règles sont là, et nous n'aimons faire pas l'amour durant cette période. Je sais qu'il y en a qui s'en fichent, mais pas moi. Dieu merci, il m'a sorti quelques culottes des valises.

            Mes tétons ne sont pas encore tout à fait guéris, mais je peux déjà voir à quoi ils vont ressembler. J'aime. Quand ils sont au repos, - à l'envers - les petits anneaux dépassent de leurs cachettes. Je n'ai encore rien montré à J. Ils m'excitent vraiment. Ça me démange de leur essayer d'autres bijoux. Des petits pendentifs ou autre. J'aurais dû en acheter à la boutique de piercing à San Francisco.

            -*-

            Samedi. J'ai de graves ennuis. Ou, du moins, j'en aurai quand J va lire ce qui suit. J'ai acheté des lames de scie à métaux en faisant les courses en ville hier, après notre retour de San Francisco. Je ne sais pas ce qui m'a pris, je suppose que j'ai pensé à elles comme d'une assurance - pour le cas où j'aurais vraiment besoin de me sortir de la situation. Mes sentiments oscillent entre une peur/tentation d'explorer plus profondément le bondage (au moins je peux appeler un chat un chat : bondage. Bondagebondagebondage) et un sentiment de honte pour ce que j'ai fait et ce qu'il pourrait me pousser à faire. Je suis une devenue une espèce de combinaison d'ange et de folle du Middle West, tout à la fois effarouchée et désirant foncer droit dans le lard. Enfin voilà, j'ai pensé aux lames de scie comme d'une assurance. Et d'une preuve personnelle qu'il subsiste encore en moi quelques vestiges de mon intention de résister à ce... processus. J'allais dire expérience, mais c'est bien plus qu'une expérience.

            Mais j'ai décidé que J devrait les trouver tout seul.

            (Je les ai cachées sous le tapis du salon,

            J, derrière le grand canapé. Il y en a trois.)

            Je fais cela car ne pas te trahir est plus

            important pour moi qu'une assurance.

            En plus, les seules fois où j'ai songé à m'évader furent quand me il fut nettement impossible de me servir d'une scie à métaux...

            ++++ Note Venant du Futur ++++

            Ça me plombe le cœur. Je voulais démontrer à J que je lui était dévouée. C'est pour ça que je lui ai parlé des lames de scie. Et j'ai voulu lui donner un motif pour qu'il passe à l'étape suivante et qu'il me punisse. C'est la raison première pour laquelle j'avais acheté les lames. J'aurais simplement pu aller les enterrer dans les bois et il n'aurait jamais rien su. Mais je ne l'ai pas fait. J'avais hâte d'aller vers de plus grandes profondeurs sans toutefois admettre que c'était là ce que je désirais. J'ai remis de l'ordre dans mon esprit. Au moins, je sais ce que je veux.

            ++++ Fin de la Note ++++ ... Demain tu sauras donc, J, mais avant que tu me punisses, je veux que tu te rappelles pourquoi je t'ai raconté ça de mon plein gré : je t'aime, je suis tienne et tu fais de moi ce qu'il te plaira.

            Je crois que mes tétons sont presque cicatrisés, maintenant. Je peux remuer les anneaux en y allant doucement, ils ont arrêté de suinter et les croûtes sont tombées. Un ou deux jours de pommade antibiotique en plus et ça devrait le faire.

            -*-

            Dimanche. J n'a pas lu mes écrits d'hier, j'ai donc droit au sursis. J'ai été extra-bonne. Hier soir je lui ai dit que j'avais envie de me faire un vêtement vraiment sexy et de le porter rien que pour lui. Il m'a dit de fabriquer un collant intégral. Ce qu'il entend par là, c'est un body à manches longues avec collant intégré. Il sera plus facile d'en modifier un de chez [nom du magasin supprimé] que de partir de rien. Il devra être noir et me couvrir entièrement. Ses instructions furent hyper-détaillées.

            Je crois que cette semaine est celle de notre stage d'artisanat. En plus du collant intégral, J me fit effectuer plusieurs séances d'essayage pour une autre chose. Je ne suis pas sûre de quoi il en retourne, mais il a pris les mesures de mes cuisses, de ma taille, des hanches, des bras et des avant-bras, de l'entrejambe, de la longueur des manches, du cou, et tout. Puis il disparut au garage, d'où j'entendis provenir des bruits de grattage et de martèlement. Et de machines. Je ne suis pas autorisée à regarder. Je pense qu'il est trop occupé pour corriger mes derniers écrit. Peut-être qu'il ne les lira pas du tout. Je souhaite qu'il se dépêche et qu'il en finisse avec son projet, ceci dit. Il m'a dit qu'il s'agissait de trois projets différents, tous en rapport avec moi. En tout cas, le banc de musculation me manque, vu qu'il est bouclé dans le garage pendant qu'il est au travail.

            J'ai pratiqué religieusement ma danse orientale tous les jours. Je crois même que je deviens plutôt bonne. Je parviens onduler du ventre d'une façon terriblement intéressante, bien que ce soit bien plus sexy à voir qu'à faire. J m'a défait la chaîne pour que je puisse bouger plus librement, bien qu'elle ne fisse pas obstacle. J'en cadenasse le bout libre à la ceinture, en le laissant pendre sur le côté. C'est assez joli, comme ça. Bien entendu, je ne peux pas l'enlever, puisqu'elle est brasée (ou tout ce qu'on voudra) en permanence autour de ma taille.

            -*-

            Lundi : ce matin, je suis sortie pour acheter un body noir et très fin ainsi qu'un mètre de Lycra. Le plus dur fut de trouver une paire de gants noirs qui lui soient assortis. Ils ne sont pas de la même matière, et les autres coupons de tissu que j'ai ramené sont en différentes nuances de noir. Il est étonnamment dur d'accorder les tons noirs. Je commencerai cet après-midi. Je vais être entièrement recouverte des orteils jusqu'au bout des doigts, avec une fermeture-éclair qui partira du milieu du dos pour me passer entre les jambes et remonter ensuite jusqu'au cou par le devant. Il y aura un col roulé, au sommet duquel se trouvera une autre fermeture-éclair circulaire - juste sous le menton- , qui se fixera à une cagoule sans ouverture. Et qui me couvrira entièrement la tête.

            Il m'a demandé de la faire très serrée, c'est pourquoi j'ai pris une taille en dessous pour le body. Tout ce qu'il me reste à faire, c'est de raccorder les manches aux gants et à confectionner des pieds pour les ajuster aux chevilles, puis à fabriquer la cagoule.

            -*-

            Mardi. Mes règles vont se terminer demain. Il n'a TOUJOURS pas lu mes dernières notes (à propos des lames de scie). En temps normal, il se met à l'ordinateur et il les corrige pendant que je fais à manger, mais là il travaille au garage tous les soirs. Parfois, il me laisse faire de la gym pendant qu'il bricole et je peux l'observer, mais je n'ai toujours pas d'idée de ce qu'il fabrique. Ça inclut du cuir, et j'ai une idée assez précise de ce pour quoi c'est fait. Je ne suis pas tout à fait nulle. Mais il y a aussi deux objets qui sont recouverts de vieux draps. L'un d'eux fait un petit mètre de long et repose sur l'établi. L'autre est posé par terre. L'odeur du cuir sur ses mains ou dans le garage est souvent très forte. Parfois, ce sont des effluves d'un genre de solvant. Mais je crois que le plâtre qu'il a fait de moi est un ratage. Je l'ai vu tout cassé dans un carton hier soir. Aujourd'hui il est posé à côté des poubelles.

            J'ai eu bien du mal à parfaire le dessin de la cagoule noire. C'est assez inextricable : elle n'est pas très bien ajustée, et je ne vois pas comment la rectifier quand je la mets pour l'essayer. J m'a demandé de découper deux fentes pour les yeux... pour me les faire recoudre en fin de compte. Il m'a aussi demandé de percer deux petits trous pour les narines. Je lui ai dit que je pouvais respirer à travers le tissu, mais il a voulu que je le fasse quand même : je pourrais avoir à respirer fort. Hmmm. J'ai aussi dû sectionner les pouces des gants et les recoudre. Et il n'aime pas la façon dont le body comprime mes seins. Il veut que je confectionne des bonnets coniques comme pour un soutien-gorge. Je vais avoir l'air de Darth Madonna. Je pourrais plus faire du stop...

            Comme le disait une des sorcières dans Macbeth, « Par le picotement de mes pouces, quelque chose de mauvais de cette façon viendra...[1] » N'était-ce pas aussi le titre d'un roman de ce bon Bradbury ? Un truc sur des gens transformés en monstres de foires par le patron du cirque. Le titre était 'Quelque chose de mauvais', je crois. Une bonne histoire. En voilà une autre pour vous, fans de SF et de B&D sur le Net : 'L'histoire réelle', de Stephen R. Ronaldson. Je l'ai trouvée sur une étagère ici, à la maison. Le reste de son œuvre est plutôt du genre donjons et dragons bien lourdingue, mais celle-là est à 80% B&D. Si vous le pouvez, ne le ratez pas, ainsi que Samuel Goldwyn ne le disait pas.

            -*-

            Mercredi. Hier soir j'ai dit à J que mes tétons étaient tout à fait guéris et je les lui ai montrés. Ils ont parfaitement cicatrisé ; un peu sensibles encore, mais guéris. Les anneaux minuscules qui les transpercent sont à peine plus grands que les tétons eux-même. Quand ils ne sont pas érigés, seule une moitié de l'anneau dépasse des replis de mes aréoles. Il m'avait réservé une petite surprise, ce doux chéri. Il m'avait acheté une paire de petits pendants. Ils sont en or avec deux toutes petites larmes de grenat fichés au bout. Je les adore. Je me souviens les avoir vus à la boutique de San Francisco. Il me les a mis. Ils se balancent en frôlant mes aréoles dès que je bouge ; ils me font me sentir sexy et très consciente de moi. Il me dit qu'il pensait encore que les sparadraps étaient sexys, eux aussi. Hmmmm.

            Puis il me passa autre chose. C'était une espèce de sangle en cuir de la même forme que la chaîne, mais bien plus large qu'une ceinture. Elle sentait le cuir à plein nez. Il s'agissait de cirage mêlé de graisse de phoque, me dit-il. Elle avait deux grosses boucles sur le devant, bien qu'elle n'en ait probablement besoin que d'une seule, avec une large courroie passant entre mes cuisses. Très large. L'extrémité de la courroie se relie à la ceinture, dans le dos. Il tira dessus jusqu'à ce qu'elle soit très serrée entre mes jambes. Très serrée. Je crois qu'il faisait juste un essai pour s'assurer de ma taille, car il me laissa l'enlever quelques minutes plus tard. Après, nous fîmes l'amour, et ce fut satisfaisant (trois orgasmes, comptez-les-un-deux-trois) quoique pas autant que les toutes premières fois après mon arrivée. Des fois je me demande si le bondage peut devenir ennuyeux.

            Il a congé toute la semaine prochaine, et il me dit qu'il la passera entièrement avec moi.

            Il est grand temps que je m'épile, une fois de plus.

            -*-

            Jeudi. Il m'a relu hier soir. Mon Dieu. Qu'ai-je donc fait. Je ne l'ai jamais vu si distant. Je me demande ce qu'il va faire. Je n'ai qu'à moitié envie de savoir. Je veux dire, tout ce qu'il m'a fait jusqu'à présent a toujours été excitant. Mais je suis un peu nerveuse maintenant, rien qu'à le voir. D'ordinaire, il y a toujours des indices qui me permettent de savoir qu'il plaisante. Enfin, pas exactement qu'il plaisante, mais qu'il joue un rôle. Mais plus maintenant. Il m'a demandé de le suivre au salon, où il m'a fait soulever le tapis et lui donner les trois lames de scie. Il les a prises, puis il m'a enfermée dans ma chambre.

            À l'heure du coucher, il revint pour me demander d'aller à la salle de bains et d'y faire ma toilette. Puis il reboucla ma chaîne en la tirant si fort dans le dos que huit maillons dépassèrent du cadenas. Elle était étroitement comprimée - pas réellement douloureuse, mais inconfortable - entre mes lèvres, qu'elle écartait de force. La chaîne était tendue et rigide dans ma raie ; je la sentais me tirer sur les os du bassin au niveau des hanches, qu'elle tirait durement vers le bas. À plusieurs endroits, je ne pouvais pas même glisser facilement un doigt en dessous. Il relia une autre longueur de chaîne aux maillons de mes reins, et à l'aide d'un autre cadenas il rattacha plusieurs poids en fonte provenant du banc de musculation. Une chaîne et un boulet. Il me laissa ainsi toute la nuit. Je dormis à grand-peine. Je me demande si c'est parce qu'il croit réellement que je lui fais si peu confiance que j'ai gardé ces lames de scie. Mais ce n'est pas la vraie raison.

            Ce matin, il m'a détendu les chaînes, mais il m'a laissé les poids. Au moins je peux me mouvoir, mais il me faut porter les poids où que j'aille. Mais je n'ai pas fini d'en entendre parler. Il ne m'a pas dit un mot ce matin. Je vais continuer à travailler sur ma nouvelle tenue. Il ne me reste plus qu'à terminer la cagoule et à coudre la fermeture-éclair du col. Ça ne va pas être facile de travailler avec ma chaîne. Je peux bien enfiler le body par dessus, mais il me faudra la laisser dépasser par le col pendant que j'en ferais l'essayage. Avant qu'il ne relise mes dernières lignes, je lui ai demandé si je pourrais me faire une tenue de danse orientale. Il m'a dit que oui, mais je n'ai pas tout ce qu'il me faut pour pouvoir la finir. Au moins, je la commencerai. Ça lui plaira peut-être si je danse bien pour lui.

            Désolée si c'est un peu décousu, mais je suis légèrement préoccupée. J'ignore ce qu'il va me faire, mais je sais que sais que la chaîne ultra-serrée n'est pas la fin du truc.





Par gigipanpan
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